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Traversées du Taklamakan

taklamakan desertsDe tous les voyages dans le désert d’Asie Centrale, le Taklamakan est le plus connu. Entre les Tian Shan au nord et le plateau du Tibet au sud, il étale dans une cuvette la plus grande étendue de sable d’Asie. Son histoire est intimement liée aux caravanes des Routes de la soie. Nombre d’entre elles s’y sont évanouies comme ont aussi disparu les cités bouddhistes submergées par les sables. Car poussé par des vents particulièrement violents et constants, ce désert avance toujours plus loin sur sa périphérie. Un désert mouvant et inhospitalier : Taklamakan signifie en ouighour «d’où on ne sort jamais» !

Le suédois Sven Hedin fut le premier explorateur européen à le pénétrer. Au cours de plusieurs expéditions réalisées dans des conditions extraordinairement difficiles entre 1894 et 1897, il sillonne ce désert à dos de chameau, en établit la cartographie et met à jour les ruines de ville bouddhistes englouties sous le sable. Il en rapporte de nombreux manuscrits et objets archéologiques d’un très grand intérêt attestant d’une forte présence bouddhiste dans cette région aujourd’hui essentiellement musulmane et remettant en cause nombre de positions scientifiques de l’époque. Je vous engage à lire le récit de ses expéditions qui est à la fois le compte rendu de ses exploits et la mise en perspective des enjeux géopolitiques de l’Asie Centrale à la fin du XIXème siècle. C’était l’époque du « Grand jeu » ou le rapport de force entre la Russie et la Grande Bretagne pour la conquête de cette région stratégique ++Trois ans de lutte dans les déserts d’Asie (1894-1897) Pygmalion, Gérard Watelet Paris 1991++

Plus tard et dans des conditions moins dramatiques, Pierre Gentelle, géographe et chercheur sur la Chine contemporaine participe à un voyage de recherche scientifique organisé, entre autres par le CNRS. Prenez le temps de lire son récit en 3 épisodes, où les anecdotes de voyage se mêlent aux informations plus savantes. L’occasion d’aller un peu plus loin dans la connaissance de ce désert à travers un compte rendu de voyage fait par un des spécialistes de la région. Un géographe voyageur dans la grande tradition !

Mais avec la mainmise chinoise de plus en plus forte sur cette région, il est probable que le Taklamakan, dans un proche avenir, cesse de représenter une sorte de grand vide sur les cartes. Sa position stratégique au cœur de l’Asie Centrale, les ressources qu’il recèle et les 20 millions de musulmans qui vivent sur sa périphérie ont déjà amené Pékin à faire de grands investissements pour « amadouer » ce désert. Dont cette autoroute impeccable qui le traverse de part en part, balafre de bitume dans un océan de sable.
Il n’est pas encore trop tard pour y aller…